Sylviculture
LES OPÉRATIONS SYLVICOLES PRÉVUES AUX TROIS PIGNONS SONT SUSPENDUES
Les coupes annoncées pour janvier et février 2020 par l’ONF dans la Forêt des Trois Pignons ont suscité des questions et des inquiétudes. Ces coupes étaient prévues par le plan d’aménagement de la forêt de Fontainebleau et des Trois pignons (2016-2035) arrêté par le ministère de l’agriculture afin d’assurer la régénération des peuplements. L’ONF a décidé la suspension des travaux afin d’engager une concertation avec le public.
Aux Trois Pignons nous pensons qu’il convient de mener à bien une régénération des peuplements qu’il ne faut pas confondre avec un déboisement. Les Amis de la forêt de Fontainebleau ayant souhaité la fin des coupes rases – inhérentes aux futaies régulières – ont approuvé le passage au traitement en futaies irrégulières en forêt de Fontainebleau qui permet une conservation des paysages au cours du temps.
Cette méthode de quasi « jardinage » exige cependant des interventions beaucoup plus nombreuses dans les parcelles (tous les 8 à 10 ans au lieu de tous les 30 ans). Pour éviter le tassement des sols et l’écrasement des végétaux, il est nécessaire de limiter l’accès des engins forestiers à des layons prévus à l’avance. Ces layons, ouverts tous les 24 mètres permettent à un engin d’agir à 12 m de chaque côté sans trop pénétrer dans la parcelle.
Concernant le cas particulier des Trois Pignons, nous pensons qu’il convient d’adapter l’exploitation forestière au relief, afin d’éviter les cheminements systématiquement parallèles. Si l’inquiétude de certains est légitime concernant les coupes annoncées, elle doit être dissipée par une meilleure compréhension de l’évolution des méthodes de sylviculture plus adaptées à la préservation de la diversité des milieux et la conservation des paysages pour l’agrément du public. La suspension des travaux acceptée par l’ONF va permettre d’engager une concertation à laquelle les Amis de la forêt vont participer.
Pour la période 1996-2015, le document d’aménagement de la forêt de Fontainebleau a fixé les objectifs suivants :
- préservation de la qualité écologique et paysagère des milieux,
- accueil du public et pédagogie de la forêt,
- équilibre des âges et bon état des peuplements,
- recherche d’une bonne qualité technologique des bois à récolter.
L’application de cet aménagement a été bouleversée par la tempête Lothar (26 décembre 1999) qui a occasionné des dégâts considérables à Fontainebleau. Pas moins de 250 000 m3 de bois sont renversés en une nuit, soit l’équivalent de quatre années de récolte.
Entre 2000 et 2010, les conditions climatiques ont été nettement moins favorables à certaines essences feuillues, notamment le hêtre et le chêne pédonculé qui ont souffert de sécheresses récurrentes au printemps et l’été, se traduisant par des dépérissements marqués.
La récolte constatée entre 1996 et 2008 a été conforme aux prévisions, avec une moyenne 61 770 m3 par an ; elle a diminué depuis pour être de l’ordre de 30 000 m3 par an, aujourd’hui.
Le prix de vente des bois s’établit entre 100 et 320 €/m3 pour les grumes de chêne vendues sur pied. Le chêne réputé pour ses accroissements fins et réguliers reste très recherché à Fontainebleau dans les qualités supérieures (bois de merrains pour les futs de chêne).
Le hêtre reste peu prisé à 30 €/m3 en moyenne, comme le pin dont les prix s’établissent entre 20 et 25 €/m3.
Le développement de la vente de bois façonnés, vendus bord de route, concerne les chênes de haute qualité, dont le prix de vente peut atteindre 700 €/m3.
Le nouvel aménagement, élaboré par l’ONF, concerne la période 2016-2035. Consultés à plusieurs reprises, les Amis de la forêt ont demandé que cet aménagement prescrive les orientations suivantes :
- adapter le choix des espèces cultivées : réduire la place du hêtre en peuplement pur, remplacer les peuplements de chêne pédonculé par des chênes sessiles, tester l’acclimatation d’essences feuillues et résineuses mieux adaptées aux conditions climatiques futures.
- conduire une sylviculture dynamique, avec des éclaircies fréquentes.
- abaisser les âges d’exploitabilité, afin de se prémunir des phénomènes de dépérissement qui s’accentuent avec le vieillissement. La régénération devrait être engagée à 180 ans pour le chêne et non plus 250 ans, 80 ans pour le pin et non plus 120 ans, 100 ans pour le hêtre et non plus 120 ans.
Favoriser la régénération naturelle des espèces écologiquement adaptées aux conditions de station et aux conditions climatiques locales.
Favoriser les mélanges d’essences, favorables à la résilience des peuplements.
Nous souhaitons qu’il puisse répondre aux objectifs multiples fixés, dont certains peuvent paraitre contradictoires.